Les médecins de la région montent au front afin de dénoncer l’application de la Loi 2 du gouvernement du Québec.

Ce sont plus de 80 médecins spécialistes et médecins de famille de la région de Rivière-du-Loup qui ont cosigné une lettre ouverte destinée à la population, mais également à la classe politique. Ils inquiètent des effets néfastes de la loi, qui a récemment été adoptée sous bâillon. Selon eux, la Loi 2, telle qu’elle est formulée actuellement, impose des contraintes de performance qui ne tiennent pas compte des réalités régionales ni de la polyvalence de la pratique médicale en milieu rural.

Le signataires se disent sensibles aux enjeux d’accessibilité, autant à un médecin de famille qu’aux soins de santé. Ils craignent toutefois que les mesures imposées compromettent la qualité et l’accessibilité des soins pour la population du Bas-Saint-Laurent. Ils demandent donc au gouvernement de suivre les recommandations du Collège des médecins et de suspendre l’application de la Loi 2 qui, selon eux, fragilise le réseau de santé plutôt que de le soutenir.

Voici l’intégralité de la lettre :

Les médecins du centre hospitalier régional du Grand-Portage (CHRGP), des groupes de médecine familiale (GMF) et des bureaux médicaux de la MRC de Rivière-du-Loup tiennent à vous faire part de leurs vives préoccupations face aux effets de la Loi 2 sur l’accès aux soins médicaux dans notre région.

 

Nos établissements desservent une population en croissance et vieillissante, d’environ 35 000 personnes en première ligne, et plus de 80 000 personnes en médecine spécialisée. Nos services se distinguent par leur qualité et leur diversité. Cependant, nous faisons déjà face à un manque de ressources humaines et matérielles : plusieurs postes de médecins, d’infirmières, de professionnels et de personnels de soutien demeurent vacants. Le recrutement médical et l’établissement de nos médecins est de plus en plus difficile autant en médecine familiale qu’en spécialité.

 

La Loi 2, telle qu’elle est actuellement formulée, impose des contraintes de performance qui ne tiennent pas compte des réalités régionales ni de la polyvalence de la pratique médicale en milieu rural. De plus, la loi prévoit des obligations de surveillance entre médecins que nous trouvons déplorables dans de petites équipes loyales comme les nôtres qui, pour être efficaces, doivent travailler dans un climat de collaboration et non de délation. Ces exigences risquent de réduire le temps consacré aux patients, de démotiver les équipes médicales et d’entraîner des départs prématurés ou vers d’autres provinces.

 

Nous sommes sensibles aux enjeux d’accessibilité, autant à un médecin de famille qu’aux soins de santé. Nous demeurons profondément engagés envers la santé et le bien-être de notre communauté, et souhaitons poursuivre notre mission dans un environnement qui valorise la collaboration et l’excellence des soins. Nous craignons toutefois que les mesures imposées par la Loi 2 compromettent la qualité et l’accessibilité des soins pour la population du Bas-Saint-Laurent.

 

Nous demandons donc au gouvernement de suivre les recommandations du Collège des médecins et de suspendre l’application de la Loi 2 qui fragilise notre réseau de santé plutôt que de le soutenir.