Les tarifs douaniers imposés par Donald Trump en 2025, soit jusqu’à 25 % sur plusieurs produits canadiens, ont eu des répercussions importantes en Beauce, une région fortement dépendante du marché américain.
Une grande proportion des entreprises beauceronnes exportent aux États-Unis, parfois pour plus de la moitié de leurs ventes, ce qui les a rendues particulièrement vulnérables. L’imposition soudaine de ces tarifs a entraîné une hausse des coûts, une perte de compétitivité, ainsi qu’une baisse ou un ralentissement des commandes. Plusieurs entreprises ont dû retarder des investissements, revoir leurs stratégies ou absorber une partie des coûts pour conserver leurs clients. Cette situation a aussi soulevé des craintes pour l’emploi, certains secteurs manufacturiers étant plus exposés que d’autres. En réaction, les acteurs économiques et politiques de la région ont mis en place une cellule de suivi Beauce–États-Unis afin de coordonner les interventions et soutenir les entreprises touchées.
Janvier 2025 – Les premières inquiétudes
Le 21 janvier, l’annonce possible de tarifs douaniers de 25 % par Donald Trump soulève de vives inquiétudes en Beauce, une région fortement dépendante du marché américain. Le député de Beauce-Sud, Samuel Poulin, entame des discussions avec le premier ministre François Legault et met sur pied la Cellule économique Beauce-USA, regroupant élus provinciaux, fédéraux et représentants des MRC, afin d’anticiper les impacts et soutenir les entreprises.
Fin janvier – Portrait de la dépendance économique
Le 28 janvier, un sondage révèle l’ampleur de la dépendance de la Beauce aux États-Unis : 65,5 % des entreprises exportent directement vers ce marché, et pour près du tiers d’entre elles, il représente plus de la moitié des ventes. Plus de la moitié s’approvisionnent aussi aux États-Unis. Les premières répercussions se font déjà sentir, notamment sur la planification et les coûts.
Confirmation des tarifs
Les 10 et 11 février, Donald Trump officialise l’imposition de tarifs de 25 % sur l’acier et l’aluminium, applicables dès le 12 mars. Le Canada, principal fournisseur des États-Unis, est directement visé. Ottawa envisage des contre-tarifs, tandis que le climat d’incertitude s’intensifie pour les entreprises beauceronnes.
Fin février – Réponse régionale structurée
Le 24 février, la Cellule économique Beauce-USA présente un premier bilan : plus de 90 entreprises ont été accompagnées, des enquêtes ont permis de mieux cerner les enjeux, et des rencontres ministérielles ont mené à la mise en place de nouveaux programmes de soutien. Des aides financières, dont des prêts allant jusqu’à 1 M$ et un soutien de 510 000 $ aux PME, visent à diversifier les marchés et réduire la dépendance aux États-Unis. L’initiative beauceronne devient un modèle pour d’autres régions.
Début mars – Annonce des tarifs américains et réaction politique
Le président américain Donald Trump confirme l’imposition de tarifs douaniers de 25 % sur tous les produits canadiens exportés vers les États-Unis. En Beauce, le député conservateur Richard Lehoux affirme que le Canada doit riposter, appuyant la décision du premier ministre démissionnaire Justin Trudeau. Ottawa annonce rapidement des contre-tarifs sur 30 G$ de marchandises américaines, avec une seconde phase pouvant atteindre 155 G$ d’importations dans les semaines suivantes.
Premiers impacts pour les transporteurs beaucerons
Dès l’entrée en vigueur des tarifs, des transporteurs routiers de la Beauce, surtout dans l’industrie du bois, subissent des frais immédiats aux douanes américaines, notamment au poste frontalier de Jackman. Des camionneurs doivent immobiliser leurs véhicules, faute de pouvoir acquitter sur-le-champ la nouvelle taxe de 25 %, entraînant retards et désorganisation.
Mars 2025 – Riposte du gouvernement du Québec
Le gouvernement québécois annonce une série de mesures économiques pour protéger ses entreprises, dont le programme FRONTIERE offrant jusqu’à 50 M$ par entreprise pour répondre aux problèmes de liquidités. Des sanctions commerciales sont imposées, incluant le retrait des alcools américains des tablettes de la SAQ et une pénalité de 25 % dans les appels d’offres publics pour certaines entreprises américaines. Québec affirme vouloir réduire sa dépendance au marché américain.
Exemption temporaire pour le secteur automobile
Donald Trump accorde une exemption d’un mois des tarifs de 25 % à Ford, General Motors et Stellantis pour les véhicules en provenance du Canada et du Mexique. Cette décision, à la suite d’échanges avec Justin Trudeau, laisse entrevoir de possibles ajustements sectoriels, mais l’incertitude demeure pour les régions exportatrices comme la Beauce.
10 mars 2025 – Tarifs sur le lait et le bois d’œuvre
Trump impose de nouveaux droits de douane « réciproques » sur les produits laitiers et le bois d’œuvre canadiens, créant de l’incertitude sur les marchés financiers. D’autres pays, dont la Chine, répondent par des sanctions commerciales.
Plan de soutien aux entreprises canadiennes
En réponse, le gouvernement canadien lance un plan de 6 milliards $ pour soutenir les entreprises : prêts à taux préférentiels pour les PME, réforme du Programme de travail partagé pour protéger les emplois, et financement pour l’expansion des exportateurs vers de nouveaux marchés.
11 mars 2025 – Durcissement de la guerre commerciale
Trump menace de doubler les tarifs sur l’acier et l’aluminium et d’imposer de lourdes taxes sur les voitures canadiennes, en réaction à une surtaxe ontarienne de 25 % sur l’électricité exportée vers les États-Unis. Il remet même en question la frontière canado-américaine, suscitant de vives réactions.
Avril 2025 – Campagne « Ma Beauce d’abord » :
Mise en place pour soutenir l’achat local et aider les entreprises beauceronnes à traverser la crise provoquée par la guerre commerciale. La campagne reçoit 10 000 $ de soutien financier de Québec.
9 avril 2025 – Industrie automobile :
L’imposition d’un tarif de 25 % sur les voitures provoque une incertitude dans l’inventaire des concessionnaires et pourrait entraîner des mises à pied, selon Luc Provençal. Les députés estiment pouvoir évaluer les impacts plus précisément d’ici juin.
Mai 2025 – Travail partagé étendu :
Une dizaine d’entreprises beauceronnes adoptent le travail partagé en raison de l’incertitude économique. Samuel Poulin mentionne que la proximité avec les États-Unis rend la région particulièrement touchée et qu’une entraide entre entreprises s’organise. Une rencontre entre le premier ministre élu et Donald Trump est attendue pour clarifier la conduite à suivre.
Juin 2025 – Tarifs américains sur l’acier :
Les tarifs de 50 % sur l’acier inquiètent Camnor de Beauceville, qui envisage de transférer sa production aux États-Unis. Beauce Atlas contourne les tarifs en s’approvisionnant en acier américain, malgré un coût plus élevé, et continue de croître. Les dirigeants réclament une aide gouvernementale et craignent que l’acier devienne trop cher, poussant certains à envisager le béton.
En résumé
Les tarifs américains imposés depuis mars 2025 continuent d’être appliqués, surtout pour l’acier, l’aluminium et certains autres produits.
Le Canada a réduit certains de ses contre‑tarifs, mais en maintient sur les mêmes catégories que les États‑Unis ciblent.
Les négociations sont suspendues et l’incertitude commerciale persiste, avec des effets concrets sur la demande, la compétitivité et les décisions d’affaires.
Conséquences pour la Beauce et le Québec
Même si les données spécifiques à la Beauce ne sont pas compilées nationalement :
Les régions fortement exportatrices vers les États‑Unis, comme la Beauce, demeurent vulnérables, parce qu’une grande partie de leurs produits manufacturés (acier, structures, pièces industrielles, etc.) peut être visée par ces tarifs.
Les entreprises ont continué à s’adapter en diversifiant leurs marchés, ajustant leurs chaînes d’approvisionnement et optant pour des stratégies comme le travail partagé, car l’incertitude persiste.
L’impact global est encore palpable : coûts plus élevés, pression sur les marges et planification difficile — même si l’économie canadienne montre aussi des signes de résilience récemment.